Vieillir Vivant, une recherche-création inter-territoriale
Un réseau pluridisciplinaire et inter-territorial de praticienNEs monte un laboratoire de recherche-création sur le vieillissement pour répondre à cet enjeu de société : comment changer le regard sur la vieillesse et la considérer comme une richesse dans nos territoires ?
Commanditaire : Carton plein réunit des complices autour de la vieillesse, constitue un collectif d’individus et de structures qui monte une recherche-création sur ce sujet de société délaissé.
Pilotage de la recherche-création : L’association Carton Plein est au pilotage et à la coordination générale du projet.
(Co)pilotage de Vieillir Vivant ! : Chaque terrain est piloté par une personne ou une structure habitante du territoire pour y maintenir une permanence territoriale et inscrire les actions au plus près des réalités locales, en partenariat avec les acteurs et actrices du territoire : Esopa productions, Carton Plein, La Capitainerie, Laura Pandelle, Ninon Bardet, Studio Wakup.
Permanences : Huit résidences exploratoires sur le territoire national ont été mises en œuvre.
- Val-de-Drôme en Biovallée et Communauté de communes du Diois (26 – Drôme)
- Cité Charles Hermite (Paris 18ème) et plusieurs villes de Seine-Saint-Denis (93)
- Quartier du Sanitas à Tours (37 – Indre-et-Loire)
- Causses et Vallées de la Dordogne – Cauvaldor (46 – Lot)
- Annecy – Quartier de Cran-Gevrier (74 – Haute-Savoie)
- Jardin de l’EHPAD Baudelaire du Centre Hospitalier Annecy Genevois à Saint-Julien-en-Genevois (74 – Haute-Savoie)
- Loire Forez Agglomération (42 – Loire)
- Ambert Livradois Forez (63 – Puy-de-Dôme)
Budget : Au démarrage des actions en 2020, Carton Plein rassemble 130 000€ auprès de différentEs partenaires. La Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie (CNSA) finance une première étape, qui constitue une base pour l’économie du projet et l’amorce des réflexions : soutien d’une étude action menées sur cinq territoires à hauteur de 105 000€. Des partenaires locaux apportent des co-financements complémentaires sur chacun des territoires.
La subvention est répartie en trois postes :
- 15 000€ par résidence territoriale pour mener l’enquête
- 20 000€ pour la mise en commun de cette enquête dont 4 000€ pour la documentation sur le site internet et 16 000€ destinés à l’élaboration de temps collectifs « Inter VV » pour la mise en partage des réflexions
- 10 000€ de frais généraux pour la coordination et le pilotage du programme
Été 2018 : Carton Plein organise une résidence exploratoire à bord du CUBE en Rhône-Alpes pour imaginer la suite de leurs aventures. La question du colportage d’histoires et d’expérimentation donne envie d’initier un nouveau projet autour de la transmission.
Novembre 2018 : InvitéEs à la Biennale de Venise par les Barbara, et tous et toutes prisEs dans des problématiques personnelles douloureuses liées au vieillissement, les membres de Carton Plein décident de se saisir de la question du bien vieillir.
Janvier 2019 : Lauréat d’un appel à projet du POLAU pour soutenir le projet en gestation : première résidence d’écriture pour poser les jalons du projet et définir l’orientation de la recherche-création. La première graine semée à Venise éclot : Vieillir Vivant ! (VV) est lancé. Sont invitéEs quelques complices pour sonder leurs envies et possibles investissements, un premier collectif se constitue, le noyau dur se forme.
Octobre 2019 : L’ensemble des parties-prenantes de ce projet naissant avec Carton Plein et l’ensemble des complices embarquées de VV se retrouve au POLAU pour une première phase d’écriture collective du projet.
Juillet 2020-décembre 2022 : Carton Plein est retenu suite à l’appel à projets lancé par la Communauté de communes du Val-de-Drôme en Biovallée dans le cadre de sa CTEAC pour développer un labo intergénérationnel Vieillir Vivant. La première résidence exploratoire est lancée, démarrage d’une aventure sur trois ans.
2020-2024 : En parallèle, lancement du laboratoire de recherche et de création Vieillir Vivant ! pour une durée initiale de quatre ans.
Automne 2020 : En pleine crise sanitaire, l’équipe VV répond à l’appel à projet de la CNSA afin de « Tirer les enseignements de la crise Covid » et lancent cinq résidences exploratoires.
Octobre 2021 – 2023 (et suites) : Le Centre Hospitalier Annecy Genevois de Saint Julien-en-Genevois sollicite VV pour l’accompagner sur la transformation du jardin de l’EHPAD Baudelaire en un jardin ouvert sur la ville impliquant les soignantEs, les résidentEs et les habitantEs.
Septembre 2021-2024 : L’équipe VV embarque sur trois années, 20 étudiantEs de l’Université Paris 8 en EHPAD pour un projet de co-création intitulé « 50 ans d’écart ».
Novembre 2021 : Loire Forez Agglomération, déjà partenaire de Carton Plein sur des projets de redynamisation de centres-bourgs, rejoint le programme VV en proposant trois ans d’exploration interservices (culture-urbanisme-social) pour l’aider à définir sa politique de vieillissement.
Juin 2022-juin 2023 (reconduit en 2024) : Le département de Seine-Saint-Denis propose à Esopa productions de concevoir et coordonner six parcours artistiques en résidence autonomie et EHPAD dans plusieurs villes du département.
Septembre 2022 – avril 2023 : VV accompagne les 25 EHPAD lauréats de l’appel à projet « Un tiers-lieu dans mon EHPAD » pour la CNSA au côté de la Coopérative des tiers-lieux qui rejoint l’aventure Vieillir Vivant.
Novembre 2022 – juin 2023 : L’équipe VV expérimente un service de « veille sociale ambulante » avec les salariéEs de l’entreprise à but d’emploi Activ’18 sur solliciation du bailleurs social Paris Habitat.
Février 2023 : Carton Plein décide d’écrire un projet de spectacle vivant pour partager son enquête et interpeler le public sur les questions du vieillissement.
Juin 2023 : Création du spectacle Partage de données de Fanny Decoust, une forme théâtrale expériencielle produite par Esopa productions – qui partage les enseignements des résidences franciliennes de Vieillir vivant.
Juillet 2023 : La Capitainerie accompagne l’EHPAD de l’Oustal d’en Thibaud (Tarn) dans le projet de rénovation de l’établissement.
Octobre 2023-2024 : L’équipe Vieillir Vivant accompagne les salariéEs de l’EBE Activ’18 dans la conception et l’expérimentation d’un nouveau métier pour bien vieillir : le sublimateur.
Début 2024 : Carton Plein lance un nouveau projet au sein des EHPAD d’Ambert et ses alentours : « En-quête d’hospitalité », un travail autour de l’accueil et de la convivialité dans les établissements pour personnes âgées.
-
- 1. Genèse du projet et manifeste
- 2. Fédérer à l’échelle nationale un réseau pluridisciplinaire pour répondre à un enjeu de société
- Vieillir Vivant ! en Drôme : une première « carte blanche » pour expérimenter et affiner la méthode
- Un appel à projet national pour interroger le grand âge suite au Covid : Vieillir vivant ! change d'échelle et met en lien les territoires pour faire monter le sujet en généralité
- Partager la diversité des expériences, croiser les regards et les pratiques et monter en compétence : Vieillir Vivant ! un réseau inter-territorial coopératif
- 3. Et si, tout cela se concrétisait ? Zoom sur des projets, hypothèses créatives et des prolongements
- Créer des projets artistiques en établissements d'accueil et inventer de nouveaux métiers pour bien vieillir
- Co-construire des parcours artistiques en EHPAD et en résidence autonomie et animer une communauté apprenante d’artistes et d’animateurs et animatrices de lieux de vie en Seine-Saint-Denis
- Des métiers et des fonctions révélées par la crise : et si on inventait de nouveaux métiers imaginaires, pour mieux vieillir ? L’épicier ambulant solidaire à la cité Charles Hermite
- Relire l’aménagement de nos villes et l’habitat au prisme du vieillissement : le laboratoire de recherche-création sur l’habitat dans le Grand Annecy
- Accompagner la transformation des lieux du vieillissement
- Créer des projets artistiques en établissements d'accueil et inventer de nouveaux métiers pour bien vieillir
- Une « Belle fin » en perspective
- À propos du collectif
Le grand âge, un commun territorial ?
Rédaction : l’École du terrain, novembre 2023
Entretiens avec Christine Milleron / Esopa productions; Fanny Herbert et Roxane Philippon / Carton Plein et Laura Pandelle / designer indépendante
Avec la participation de Corentine Baudrand / Carton Plein
Lorsqu’elle publie en 1970 ce monumental essai philosophique sur la vieillesse, Simone de Beauvoir interroge la dimension sociale, politique et individuelle du grand âge, pointant un tabou social, « un secret honteux » et dénonçant une réponse publique insuffisante voire absente à l’égard de nos aînéEs. Au XXème siècle, avec l’évolution de la société et de la structure familiale liée notamment au travail (industrialisation, développement du travail salarié, exode rural, progression du travail non domestique des femmes, …), la prise en charge des personnes âgées, relevant traditionnellement de la sphère familiale et privée, se déplace. Isolée, stigmatisée et paupérisée, c’est une partie entière de la société qui est tenue à l’écart de la croissance économique et de la protection sociale - en 1970, 12% de la population française a plus de 65 ans. Elle nécessite une véritable intervention publique, qui en France, commence à se mettre en place dans les années 1960 dans le sillon des politiques sociales qui émergent en Europe dès la fin du XIXème siècle2. Aujourd’hui, soixante ans après la parution du rapport Laroque3, si les dispositifs de prise en charge ou de maintien à domicile, les avancées de la médecine, les allocations vieillesse, la revalorisation des retraites et du minimum vieillesse, le soutien financier à l’adaptation et à la rénovation de l’habitat ont vu le jour et se sont renforcés, en parallèle du développement d’une véritable silver economy, il n’en reste pas moins que nos aînéEs restent encore stigmatiséEs. Ces politiques ou dispositifs se sont développés de manière hétérogène, d’où de fortes inégalités sociales et territoriales.
Alors qu'aujourd’hui unE FrançaisE sur cinq est âgéE de plus de 65 ans et près d'unE sur trois d’ici 2040, la question du vieillissement de la population est restée finalement assez secondaire jusqu'au confinement de 2020. L’épidémie de Covid 19 opère un tournant en mettant en lumière l'isolement des personnes âgées, l'épuisement des soignantEs et des aidantEs mais aussi les faiblesses des modèles de prise en charge, dévoile l’obsolescence et parfois même l’inhumanité des Établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) et au fond, les fragilités des politiques publiques dédiées à la vieillesse. Celle-ci devient alors un enjeu démographique et social majeur, un véritable sujet médiatique et de société, tandis qu’un sentiment d'urgence anime le politique.
En 2018, c'est au détour d'un road trip estival en CUBE - un camping-car psychédélique - entre fondatrices de Carton Plein pour orienter leurs projets d’avenir, que germe l'idée de travailler sur la question du vieillissement. En rendant visite cet été là à d'autres collectifs, amiEs et partenaires, ce sujet revient plusieurs fois sur la table. Intime et mal-aimé, pourtant quotidien voire presque banal, il résonne pour chacune d'elles avec leur histoire personnelle. Des histoires intimes qu’elles souhaiteraient relier pour aborder ce sujet de société. Lorsqu'elles se retrouvent au Polau – Pôle Arts & Urbanisme - en janvier puis en octobre 2019, elles réunissent petit à petit autour d’elles d’autres complices qui pourraient rejoindre l’aventure. Elles veulent partager cette envie, faire réseau, relier et construire avec d’autres. De premières réflexions émergent. Une enquête est menée à Tours, d’où naissent quelques « bribes d'intuition ». Une envie commune et un alignement de planètes conduisent ainsi à la constitution d’une équipe pluridisciplinaire prête à s'emparer du sujet dans le cadre d’une démarche inter-territoriale. Les contours de Vieillir vivant ! (VV) se dessinent, l’équipe prend forme et se structure. Un an plus tard, la crise du Covid 19 donne un coup d'accélérateur au projet Vieillir Vivant ! déjà à l’œuvre dans la Drôme depuis l’été 2020. La démarche de recherche-création est alors lancée pour quatre ans. Un appel à projet national porté par la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie (CNSA) à l’automne de la même année permet au collectif de passer à la vitesse supérieure et de changer d’échelle : mener réflexions et projets à une échelle micro-locale pour nourrir collectivement un sujet de société au niveau national.
Vieillir vivant ! est un consortium : il réunit des praticienNEs aux compétences variées - arts vivants, sciences politiques, design, architecture, urbanisme, … - et complémentaires installées partout en France qui développent des projets avec une diversité d’approches. Chaque membre du groupe (collectif, association, structure, indépendantE) a sa patte, ses outils et méthodes. ChacunE intervient sur un ou des territoires singuliers, à des échelles différentes - quartier prioritaire de la politique de la ville, centre bourg rural, territoire métropolitain - qui constituent les espaces de recherche et de création de Vieillir vivant !. La méthode de travail ? Il s’agit d’utiliser l’enquête sensible pour repérer les initiatives et projets déjà en place (une grande veille), de consolider les actions ou d’en imaginer de nouvelles (des hypothèses créatives, des expérimentations et projets) et de porter le sujet sur la place publique (un manifeste et des formes artistiques variées pour restituer l’enquête). Des temps de partage, de mise en commun et de retrouvailles entre les équipes implantées aux quatre coins de la France rythment, nourrissent le projet et lui permettent d’avancer.
Vieillir vivant ! défend l’idée de libérer la parole sur le vieillissement et les sujets tabous qui l’entourent. Il se donne l'objectif d'expérimenter des projets sur mesure, adaptés à chaque situation rencontrée et construits avec les actrices et acteurs locaux pour croiser les regards, imaginer des hypothèses afin de mieux vieillir, apporter des pistes pour transformer les politiques publiques et essaimer les dispositifs testés, les pratiques professionnelles et changer le regard - souvent négatif - porté sur la vieillesse. Remettre de l’humain dans nos actions, ne plus cantonner le soin à une seule définition médicale ou formaliser une réponse toute faite et standardisée, mais introduire la solidarité, la créativité et l’implication réelle des premierEs concernéEs et des acteurs et actrices localement comme levier d’évolution.
Comment la société civile s’empare-t-elle de ce sujet de société crucial et pourtant délaissé et s’organise-t-elle pour le mettre en lumière ? Comment fédérer un réseau pluridisciplinaire d’acteurs et actrices ancréEs sur différents territoires pour mener une recherche-action-création nationale sur la thématique de la vieillesse à partir de projets locaux ? Quels protocoles d’enquête, outils, méthodes sont mobilisés ou développés pour répondre à cette problématique ? Comment faire de nos aînéEs des personnes ressources pour revitaliser les territoires ruraux ? Comment, en expérimentant localement et en associant les premierEs concernéEs, retrouver le fil et renouer le lien, construire des écosystèmes locaux, inspirer les politiques publiques et changer le regard négatif porté sur la vieillesse ? Comment élargir la notion de soin bien au-delà de la seule prise en charge médicalisée ? Comment capitaliser sur la richesse des expérimentations, des actions, des rencontres et monter en généralités pour irriguer les politiques publiques ?
1. Genèse du projet et manifeste
Fanny Herbert, sociologue et co-fondatrice de Carton Plein revient sur la genèse du projet et sa dimension manifeste, l’envie de Carton Plein de travailler sur la transmission, la Biennale de Venise avec les Barbara en 2018 où, personnellement touchéEs par des expériences liées à la vieillesse, les membres de l’équipe décident de se saisir de la question du bien vieillir et embarquent quelques complices dans l'aventure lors d’une résidence d’écriture au POLAU en 2019. Le collectif et le projet se structurent.
2. Fédérer à l’échelle nationale un réseau pluridisciplinaire pour répondre à un enjeu de société
Vieillir Vivant ! en Drôme : une première « carte blanche » pour expérimenter et affiner la méthode
Fin 2019, la Communauté de communes du Val-de-Drôme en Biovallée signe avec ses partenaires une Convention Territoriale d’Éducation Artistique et Culturelle (CTEAC)4 de trois ans pour travailler avec un public jeune et éloigné de la culture. Elle a pour objectif de corriger les inégalités sociales en facilitant l’accès à la culture, à l’échelle d’intercommunalités essentiellement rurales ou périurbaines et permet d’imaginer des actions innovantes à l'attention des personnes ayant le moins accès à la culture. C’est dans ce cadre que Carton Plein propose une résidence artistique itinérante à vélo et en camping-car au détour des villages du territoire (juillet 2020 - décembre 2022), pour imaginer des politiques culturelles intergénérationnelles. Autant d’étapes pour aller à la rencontre des habitantEs, jeunes et plus âgéEs et imaginer entre les deux âges des passerelles inspirantes et un récit commun de ce territoire hétérogène. L’objectif de cette première résidence : produire de nouvelles représentations et des récits pour ce territoire hétéroclite. Si la vieillesse est au cœur des échanges, le sujet est irrigué par de multiples thématiques qui structurent les discussions et apparaissent au fur et à mesure de l’arpentage : alimentation, pratique de l’espace public, transmission,…
Cette première résidence offre une opportunité de construire et d’affiner pas à pas la méthode et le protocole Vieillir Vivant ! par l’expérimentation : tester des dispositifs et des outils, écarter ceux qui ne fonctionnent pas, inventer des coopérations, … Des expositions installations et performances se déploient rapidement principalement dans l’espace public (sur les bancs publics par exemple, parce qu’ils permettent la pause et sont propices au récit). Les valises-enquêtes qui contiennent des objets, des sons, des images, des récits, deviennent un outil récurrent pour aller à la rencontre des habitantEs. Les partenariats s’inventent, se nouent et se reconfigurent au fil de l’aventure. Dans chacune des communes : trois jours d’enquête sensible autour d’un sujet soulevé collectivement (de la recherche du centre de la commune aux vœux à formuler pour prendre soin de son voisinage) et une forme de restitution (performance théâtralisée et installation autour des valises). En chemin, l’équipe embarque une réalisatrice sonore, une conteuse, une céramiste, un paysan-boulanger, un restaurateur, une cuisinière et d’autres habitantEs pour des co-créations in situ. En parallèle de l’itinérance, plusieurs projets se construisent avec des artistes locaux mais aussi avec deux établissements scolaires (collège et école élémentaire). Les enfants et les adolescentEs rencontrent des ancienNEs, échangent à travers la cuisine, se racontent sur les bancs publics, restituant leurs aventures et présentant leurs productions autour d’un banquet.
Cette première résidence artistique a ainsi offert un « cadre expérimental et expérientiel » qui a permis de mettre en forme les intuitions artistiques de départ et l’univers du colportage. Elle a aussi été l’occasion pour Laura Pandelle, designer du réseau a tout juste installée dans la Drôme, d’implanter des actions localement notamment en prolongeant les réflexions autour de la précarité alimentaire des personnes âgées isolées.
Un appel à projet national pour interroger le grand âge suite au Covid : Vieillir vivant ! change d'échelle et met en lien les territoires pour faire monter le sujet en généralité
Dans un quotidien chamboulé par le Covid, les micros-liens de solidarité des personnes âgées ont été fragilisés. Confinées plus longtemps que le reste de la population car considérées comme « personnes à risque », victimes directes de l’arrêt des actions qui leur étaient destinées, les personnes âgées subissent plus fortement cette période et restent isolées. La crise vient conforter le projet de recherche-action pluridisciplinaire Vieillir Vivant ! initié et porté par l'association Carton Plein. En 2020, l’équipe répond à un appel à projet de la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie (CNSA) visant à « Tirer les enseignements de la crise Covid ». Le projet est retenu. Ce dernier a vocation à saisir, à un niveau très local, les formes de résilience, de solidarité informelle, créatives, généreuses et leur recomposition qui se sont opérées durant la crise du Covid, en allant au plus près des habitantEs. Il vise aussi à interroger les formes de participation plus collectives, à identifier les ressources ainsi que les coopérations qui pourraient se développer pour renforcer le lien intergénérationnel et la prise en charge de nos aînéEs.
La première résidence drômoise a permis de tester et d’affiner une méthodologie, des outils. L’appel à projets du CNSA opère un changement d’échelle : cinq nouvelles résidences exploratoires et un cadre qui permet de tester la mise en lien des territoires pour faire monter le sujet en généralité.
Trouver la richesse dans la variété : une démarche inter-territoriale et pluridisciplinaire sur un sujet commun
Ainsi, en parallèle du projet drômois en territoire rural, ce sont cinq autres résidences exploratoires qui voient le jour et sont menées sur plusieurs temps forts répartis entre novembre 2020 et novembre 2021 :
- des territoires à dominante rurale : Ambert Livradois Forez (63 Puy-de-Dôme) ; Causses et Vallées de la Dordogne - Cauvaldor (46 - Lot)
- et des territoires répondant à des problématiques plutôt urbaines : Cité Charles Hermite (Paris 18ème) ; quartier du Sanitas à Tours (37 Indre-et-Loire) ; Annecy-Cran-Gevrier (74 - Haute-Savoie).
Ces territoires ont été choisis en fonction des lieux d’implantation des membres du collectif et des partenariats qu’il était possible de nouer localement avec les collectivités territoriales, au regard de leur intérêt pour cette question du grand âge. Une méthodologie partagée est à l’œuvre sur chacun des singuliers terrains. Si certaines problématiques soulevées sont identiques, les singularités de chaque contexte social et territorial, les actrices et acteurs locaux mobilisés, ont aussi fait émerger des problématiques spécifiques et diversifient les modalités d’action.
Ainsi, chaque équipe développe des protocoles variés et sur mesure. Chaque résidence voit intervenir un équipage pluridisciplinaire et inter-territorial, copilotée par des membres de Vieillir vivant !. Sont aussi systématiquement mobiliséEs des complices locaux, des acteurs et actrices rencontréEs lors d’une première phase d’observation sur le terrain, donnant lieu à une cartographie des personnes relais et ressources pour développer avec elles et eux les projets : technicienNEs en collectivités territoriales, travailleurs ou travailleuses socialEs, professionnelLEs de santé, artisans, artistes, groupe d’ainéEs d’un centre social, … Leur connaissance du territoire, de ses ressources, permet d’identifier les enjeux et de croiser les regards et les pratiques. Vieillir Vivant ! c’est aussi se laisser surprendre pour construire les projets : ces rencontres orientent le collectif, le pousse à prendre un chemin, à toquer à une autre porte. Travailler main dans la main, partenaires locaux et équipe Vieillir Vivant !, c’est s’assurer de construire et de déployer les actions ensemble de manière réaliste. C’est aussi s’acculturer et se former réciproquement aux outils et méthodes, par le faire. Les structures universitaires sont aussi partie prenante des temps pédagogiques qui ont été construits avec les étudiantES et des établissements scolaires. La recherche menée par l’architecte Lorette Klepper dans le cadre de sa thèse auprès d’un bailleur pour réfléchir au vieillissement dans le parc social, vient également nourrir la démarche.
Une méthodologie immersive, sensible et participative, une boîte à outils bien remplie, des coopérations inter-territoriales et locales et des expérimentations inédites
Il n’est pas aisé d’aborder la question du grand âge encore moins, lorsqu’on ne fait pas partie des métiers du soin et du médico-social dédié à la vieillesse, des champs professionnels à première vue assez hermétiques et pourtant déjà mobilisés et développant des actions inspirantes, ouverts et friands de faire un ou plusieurs pas de côté, de renouveler les approches du soin ou les métiers, d’apporter plus d’humanité dans la prise en charge des personnes âgées. D’où une approche sensible, par le terrain et le recueil d’une parole vivante. Vieillir vivant ! c’est traiter avec décalage, simplicité et humour, et surtout dans la joie, le sujet de la vieillesse et mobiliser l'intime pour réinterroger nos politiques publiques. C’est aussi comme le précise l’équipe « préférer le cousu-main à des formes d’innovation solutionnistes » prêtes à l’emploi.
Après une phase de repérage, plusieurs temps rythment les résidences. Elles démarrent d’abord par une phase dite « enquête sensible » de cinq jours. Une prise de pouls immersive qui mêle observation, rencontre et implication des acteurs et actrices du territoire (collectivités, structures d’accompagnement et de prise en charge, associations,…), collecte des témoignages, récits et expériences des initiatives développées pendant l’épidémie de Covid.
Outre les interventions artistiques et affichages dans l’espace public pour se faire connaître et remarquer, les équipages s’appuient sur les canaux de communication locaux : journaux et radios, relais via les sites internet ou les réseaux sociaux des lieux d’accueil, affichage en mairie ou dans les établissements partenaires de la démarche.
Les protocoles d’enquête sont variables. Chaque collectif mobilise une panoplie d’outils pour toucher largement les publics à chaque étape de la démarche : marche-enquête ; affichage et interventions dans l’espace public, cartographie sensible, balade chorégraphiée, enquête à bicyclette ou en camping car, valise à colportage, carte postale du futur, porte-à-porte, ateliers d’idéation avec des étudiantEs, …
À Annecy et Cran-Gevrier, l’équipe de Vieillir Vivant ! a interrogé le rôle de l’espace public et son aménagement, la manière d’impliquer dans sa conception les personnes âgées pour y intégrer hospitalité et prise en compte de leurs besoins. À Tours comme à Paris, dans des quartiers où les personnes âgées vieillissent majoritairement chez elles, on cherche à mettre en lumière les formes de solidarité quotidienne qui se mettent en place lorsque les besoins d’accompagnement sont plus forts et à imaginer les métiers et les services manquants qui participeraient à leur maintien à domicile. Dans le Lot, c’est directement auprès du Centre Intercommunal d’Action Sociale (CIAS) que l’équipe cherche à tirer les leçons d’une crise qui a fait de lourds dégâts notamment psychologiques tant auprès des soignantEs que des patientEs et de leur famille pour réfléchir à une meilleure articulation entre les établissements sanitaires et médico-sociaux et enrichir leur programmation.
Suit une session de travail de deux jours pour formuler des « hypothèses créatives » c’est-à-dire, des actions prototypées (dispositifs, projets, nouveaux métiers,...) qu’il s’agira de tester sur le terrain avec les parties prenantes. Prospectives poétiques, légères à mettre en œuvre ou nécessitant une vraie refonte des pratiques institutionnelles ou des établissements de santé ou d’hébergement… Autant de pistes pour mieux vieillir. Du sur-mesure construit auprès et avec les personnes âgées et leur entourage (famille, amiEs, aidantEs, soignantEs) les partenaires locaux tels que les institutions (collectivités, bailleurs sociaux, structures de soin et médico-sociales, …), les structures privées (EHPAD, …), la société civile (artistes, artisans, associations, habitantEs, usagerEs,…), les établissements scolaires et universitaires.
Enfin, des temps de restitutions publiques variant selon les territoires pour donner à voir les résultats de l’enquête et les pistes qui en découlent : un débat citoyen thématisé et un conte raconté collectivement en Livradois-Forez ; une émission de radio au cœur de la cité enquêtée à Paris ; un jeu de loto pédagogique permettant de découvrir l’écosystème tourangeau des métiers du vieillissement et des aidantEs ; ou encore une balade chorégraphiée à Cran-Gevrier pour aborder l’aménagement de l’espace public.
Partager la diversité des expériences, croiser les regards et les pratiques et monter en compétence : Vieillir Vivant ! un réseau inter-territorial coopératif
Cette diversité est richesse. Le réseau Vieillir Vivant ! est actif et coopère. Les partages, débats et retours d’expérience nourrissent leurs projets respectifs et leur permettent de monter collectivement en compétence et surtout d’alimenter une réflexion globale. Elle se consolide, entre autres, lors de rencontres thématiques appelées « Inter VV » qui réunissent les différentEs membres du programme (pilotes, acteurs et actrices complices et partenaires de projet, personnes rencontrées lors des résidences) et donnent lieu aussi à l’organisation de webinaires5. Le partage et la mise en commun se traduisent aussi par la création d’un média commun « Canal Vieux » alimenté et animé par l’équipe (une première version du site est lancée en juin 2021).
Un premier inter-VV à lieu au Polau à St-Pierre-des-Corps en mai 2021 puis un second dans la Drôme en octobre 2021. Deux temps forts où l’équipe a pu mettre en commun ses observations, tirer ses conclusions et partager ses hypothèses créatives. De ces échanges, trois thématiques structurantes sont apparues sous-divisées en plusieurs chapitres, donnant lieu à des enseignements transversaux, des questionnements et une trentaine d’hypothèses créatives6 (Et si … ?).
______________________________________________________________________________________
– Métiers et pouvoirs publics –
Et si on inventait de nouveaux métiers imaginaires, pour mieux vieillir, intégrant les fonctions essentielles révélées par la crise ? Comme un cuisinier-animateur de quartier, un socio-esthéticien de lotissement, un masseur-conteur d’histoires, un facteur-rédacteur de lettres,…
Et si on facilitait l’interconnaissance entre tous les acteurs ressources pour mieux échanger autour des pratiques et se former mutuellement ?
Et si on outillait correctement ces coopérations ? Des formations, des outils collaboratifs simples à prendre en main pour faciliter les dynamiques sans perdre du temps.
Et si…on imaginait un service citoyen obligatoire lié au prendre soin ? Voyager dans une autre région à la rencontre d’une association ou d’un métier, pour découvrir et soutenir une action citoyenne en construction ?
– Culture et Solidarité –
Et si on revalorisait le rôle des arts et de la culture comme acteurs du soin en recrutant des personnes qualifiées qui soient présentes au quotidien dans les EHPAD et sur demande pour les personnes âgées à domicile ?
Et si on mettait en place de manière pérenne des « ateliers correspondances » au sein des établissements scolaires, des résidences autonomies, des MJC, des EHPAD, des clubs sportifs,… pour permettre des échanges épistolaires (ou numériques) entre des générations, aux loisirs communs et aux âges différents ?
Et si on imaginait des temps d’inter-formation entre des métiers du soin et des artistes locaux ?
Et si on écrivait un plaidoyer collaboratif pour trouver de nouveaux mots pour qualifier les personnes âgées, donner la parole aux personnes âgées elles-mêmes et reprendre le pouvoir de s’exprimer ?
– Habitat et Santé –
Et si des fonds spécifiques permettaient d’encourager l’expérimentation de modes d’habiter nouveaux et inspirants en centre-bourg pour encourager la créativité et l’anticipation ?
Et si on identifiait, développait et augmentait les lieux refuges aux abords de chez soi (jardins, abribus, bancs publics, toilettes, pause agréables, espaces de rêverie et de rencontre) ?
Et si la réinvention collective des commerces de proximité permettait de construire plus de lien social intergénérationnel ?
Et si l’habitat intergénérationnel était une des pistes à davantage développer pouvant égayer ou soulager le quotidien et assurer un socle solide en cas de situation de crise ?
______________________________________________________________________________________
3. Et si, tout cela se concrétisait ? Zoom sur des projets, hypothèses créatives et des prolongements
Créer des projets artistiques en établissements d'accueil et inventer de nouveaux métiers pour bien vieillir
Dans le 18ème arrondissement de Paris, l’équipage (Esopa productions et Carton Plein) s’est installé à la cité Charles Hermite, un quartier d’habitat social au nord-est de Paris, coincé entre le boulevard des Maréchaux et le périphérique. Y vivent de nombreuses familles, pour certaines depuis plusieurs générations, nostalgiques de l’esprit village qui régnait dans la cité ouvrière dont le cadre de vie s’est largement dégradé. L’équipage s’est aussi intéressé aux résidences autonomies voisines qui accueillent les personnes âgées ne pouvant ou ne souhaitant pas vieillir à leur domicile. L'équipe francilienne de Vieillir vivant ! a noué des partenariats locaux forts et qui s'inscrivent dans le temps. Elle développe notamment des projets artistiques et culturels en Seine-Saint-Denis au sein d'établissements qui accueillent des personnes âgées, et anime une communauté artistique et d'animateurs et animatrices dans ces lieux de vie et, à Paris, en lien avec les habitantEs de la Cité Charles Hermite, les partenaires médico-sociaux, la Ville et le bailleur, elle co-construit des « métiers et service pour bien vieillir », exercés par l'entreprise à but d'emploi nouvellement créée.
Co-construire des parcours artistiques en EHPAD et en résidence autonomie et animer une communauté apprenante d’artistes et d’animateurs et animatrices de lieux de vie en Seine-Saint-Denis
À l’issue de la phase d’enquête sur le terrain, plusieurs pistes concrètes ont émergé. Comme par exemple la création d’un cycle d’ateliers radiophoniques - financé par la Conférence des financeurs de la prévention de la perte d’autonomie - sur les métiers et services du futur pour bien vieillir, en partenariat avec le collectif Mu et Station Station.
Le partenariat noué avec le département de la Seine-Saint-Denis, qui mène une politique publique sur l’autonomie et déploie notamment les parcours Artistiques et Culturels ou Sportifs (ACS) au sein de structures d’accueil (résidences autonomie et EHPAD), s’est traduit par la mise en œuvre d’un projet culturel et artistique « 50 ans d’écart » en 2021. Un projet artistique de co-création qui embarque des binômes (résidentEs en EHPAD et étudiantEs en arts plastiques de l’Université Paris 8) pendant une année scolaire autour de créations partagées et restituées au sein de l’établissement hospitalier. Une seconde édition « 70 ans d’écart » a vu le jour en 2022. Aujourd’hui, les parcours ACS se poursuivent dans toute la Seine-Saint-Denis, sous la coordination d’Esopa productions7.
C’est aussi la création d’un spectacle immersif, par l’artiste Fanny Decoust qui a fait partie de l’équipe pluridisciplinaire et a rencontré les habitantEs de la cité, leur entourage et les professionnelLEs de résidences autonomies. « Partage de données » est une des formes qui a émergé de l’enquête de terrain, un protocole théâtral où comédienNEs et non comédienNes jouent une situation réaliste, un moment vécu.
Des métiers et des fonctions révélées par la crise : et si on inventait de nouveaux métiers imaginaires, pour mieux vieillir ? L’épicier ambulant solidaire à la cité Charles Hermite
À l’issue de la première résidence financée par la CNSA, l’équipe de Vieillir Vivant ! en Île-de-France avait pensé des métiers imaginaires. Au sein de la Cité Charles Hermite, le besoin est notamment apparu de créer des métiers de proximité assurant animation, lien et veille sociale, ou encore participant à l’amélioration de l’accès aux services pour les habitantEs âgéEs. D’où le nouveau métier « d’animateur ou animatrice de micro marché local » dit aussi « épiciEre ambulantE » ou encore « veilleur ou veilleuse socialE de proximité » qui, en pied d’immeuble, pourrait assurer ces missions. Ayant eu vent de ce métier de proximité, le service politique de la Ville et le bailleur Paris Habitat se sont montrés enthousiastes et partants pour tirer le fil de cette hypothèse, en définir les contours opérationnels (définition du métier, fonctionnement, articulation entre les différentEs partenaires, formation, modèle économique,…) et pour l’expérimenter au sein de la cité. L’équipe de Vieillir Vivant ! retourne alors sur le terrain pour tester cette hypothèse et consolider le concept avec les habitantEs.
Alors que Paris Habitat soutient le développement du projet et souhaite le financer, la rencontre avec l’équipe locale Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée accélère la réflexion : Activ’18, une entreprise à but d’emploi8 (EBE), est créée. L’équipe de Vieillir Vivant ! accompagne l'EBE dans la définition de son offre de service. Pendant huit mois, de novembre 2022 à mai 2023, s’ouvre une phase d’expérimentation pour outiller et imaginer les contours de ce nouveau métier que les salariéEs vont exercer : celui de veilleur ou veilleuse socialE de proximité. Les tests sur le terrain sont alors quasi hebdomadaires. L’écosystème médico-social local est également associé et participe également à la réflexion pour penser les contours et la bonne articulation de ce service. Aujourd’hui, les Veilleuses sont actives, elles font un important travail d’aller-vers en activant les cours d’immeuble et en occupant les anciennes loges de concierge.
Depuis, Activ’18 s’est structuré, a développé une plateforme à destination des seniors et a sollicité l’équipe Vieillir Vivant ! pour les accompagner, grâce à un financement de La Fondation de France, sur l’expérimentation d’un autre nouveau métier que l’enquête avait fait apparaître : le « sublimateur ». Celui-ci répond aux besoins des personnes âgées d’être bien coiffées, d’être élégantes et de prendre soin de soi et de son image. En parallèle, un café associatif et une friperie au cœur du quartier ont été créés, des espaces de rencontre et de partage de connaissances et/ou de compétences où sont valorisées les personnes âgées.
Relire l’aménagement de nos villes et l’habitat au prisme du vieillissement : le laboratoire de recherche-création sur l’habitat dans le Grand Annecy
Sur le territoire du Grand Annecy, 25 % de la population a plus de 60 ans. Les collectivités y ont développé de nombreux services à destination des personnes âgées tandis que le réseau associatif est dense et actif. À Cran-Gevrier, l’équipe de Vieillir Vivant ! en collaboration avec la coordinatrice du groupe Papot'âge du centre social Cran-Gevrier Animation (CGA), a interrogé la place des personnes des personnes âgées dans l’espace public et son aménagement mais s’est aussi intéressée de près à la question de l’habiter et de l’habitat. Les confinements successifs et la distanciation pendant le Covid ont mis en lumière la rupture des liens de sociabilité et l’importance de l’espace public (jardins, bancs publics, arrêts de bus, …) et des commerces de proximité dans le maintien des liens sociaux. Une balade chorégraphiée à travers la ville entre Gevrier et Cran (le Haut et le Bas) aux côtés des personnes âgées, et les scénettes d'un groupe de danseuses du centre social ont été le support de la restitution et ont continué d’alimenter l’enquête de terrain : celle ci soulignant la nécessité de produire des espaces publics inclusifs et conviviaux. À ces occasions, ont émergé plusieurs sujets forts sur le vieillissement : « a-ménager » une vraie place (aussi) dans la société, retrouver son pouvoir d'agir, apprivoiser son corps changeant, pouvoir s'impliquer, retrouver une liberté de choix et enfin penser son habitat et une qualité d'habiter.
Mise en œuvre des hypothèses créatives, cette réflexion sur l’habiter et l’habitat s’est donc concrétisée par la mobilisation de diversEs acteurs et actrices dans le cadre d’un programme d’action innovante proposée pour les plus de 60 ans. Des habitantEs du quartier, des membres du centre social et de l’espace citoyens du Grand Annecy, un bailleur social local ainsi que Julie Pelata (doctorante en sociologie sur la mobilité des personnes âgées à l’Université Eiffel) et Élisa Dodane (kinésithérapeute et anthropologue), ont été partie-prenantes d’une enquête sensible et collective proposée sous la forme d’une balade urbaine commentée « HABITER HABITUS HABITAT ». Différentes pauses dans le quartier ont été éclairées par une diversité de regards et points de vue permettant une traversée du sujet de l’habiter et de l’habitat via la mise en partage de connaissances et d’expériences personnelles (le projet de conciergerie comme vecteur de lien social, le choix du viager pour une retraite plus confortable,...) suivies d’un repas et d’un temps de partage pour répondre à : Qu’est-ce que habiter ? Quel est notre habitat ? Est-ce un choix ? Quelles seraient demain nos envies ? L’habitat de nos vieux jours ? À quels besoins doit-il répondre ? Et alors, comment l’habitant pourrait-il déménager tout au long de sa vie pour répondre au cadre de ses besoins du moment ? Comment composer la ville avec une diversité de solutions d’habitats qui réponde à cela ?
Après cette enquête événement, le groupe du Grand Annecy s'oriente vers le recueil de témoignages sur les arbitrages entre choix du logement et choix du quartier et, l'équipe Vieillir Vivant ! poursuit ses enquêtes, projets et créations autour du choix et libertés d'aller et venir des personnes âgées dans espace public : en quête d’urbanité et d’hospitalité.
Accompagner la transformation des lieux du vieillissement
L'équipe Vieillir Vivant s’est aussi intéressé aux lieux dédiés au vieillissement et a accompagné différentEs acteurs et actrices sur ce sujet.
En 2023, le Centre Hospitalier de Saint-Julien-en-Genevois en Haute-Savoie, souhaite repenser son jardin dans l’EHPAD Baudelaire, un établissement fraîchement réhabilité. Vieillir Vivant propose alors une résidence artistique, mêlant proposition sensible et réflexions de fond sur les usages, partagées entre employéEs et résidentES : « Du récit au paysage » propose ainsi une expérience immersive au sein de l’EHPAD autour de la question du paysage intérieur et extérieur. La collecte de récits a donné lieu à une série de portraits sensibles réalisés en encre végétale (grâce à une complice locale Charlotte Julien), sous la forme d’une édition papier, de vitrophanies et de textiles. Des ateliers autour du plan du jardin ont aussi permis au personnel de s’exprimer sur les besoins et envies pour l’extérieur. Plusieurs scénarii ont été ensuite présentés à la direction de l’établissement. Afin de poursuivre les dynamiques et de penser un aménagement étape par étape, quelques ateliers ont ensuite été proposés aux résidentEs par Victor Joyeux, un jardinier-fleuriste embarqué dans l’aventure : plantations en extérieur, création de bouquet pour l’intérieur,…
Forte de son expérience dans le Cauvaldor (Lot), où elle a notamment enquêté sur la mutualisation des résidences autonomie dans la vallée de Causse, la Capitainerie rejoint un réseau d’assistance à maîtrise d’usage, le Consortium AMU, afin de mener de nouveaux projets autour du vieillissement. L'AMU est partenaire du Réseau des Acheteurs Hospitaliers (RESAH) et accompagne des établissements Médicaux-Sociaux (EMS) et des personnes concernées par les opérations de rénovation, extension ou de construction des établissements pour faire évoluer l’aménagement des locaux et mieux répondre aux attentes de ses usagerEs (personnes accueillies, personnels, aidantEs, prestataires,...). Il intervient auprès de l'association de l'EHPAD de l'Oustal d'en Thibaud situé à Labruguière dans le Tarn, qui prévoit une restructuration de ses 6 000 m² en plusieurs phases. Le programme consiste notamment à améliorer l'accessibilité de certaines chambres, à augmenter le confort des employéEs, construire un Pôle d'Activités et de Soins Adaptés (PASA), rendre la structure plus performante énergétiquement. L'AMU vient confronter le projet architectural aux besoins et envies des résidentEs, familles et salariéEs et aux problématiques de l'EHPAD de demain. Pour cela, la Capitainerie rencontre tous et toutes les usagerEs de "la maison", les partenaires et actrices et acteurs locaux et aussi les voisinEs de l'établissement. L’équipe passe plusieurs journées et une nuit en immersion, à animer des ateliers avec les résidentEs et à prototyper des solutions. L'Oustal possède un potentiel important de développement grâce à de nombreux espaces verts à valoriser et une équipe bienveillante et motivée. Le travail permet également d'anticiper les problématiques que va générer le chantier pour désamorcer les tensions et proposer des aménagements particuliers pendant la période dégradée des travaux.
Entre 2022-2023, l’équipe Vieillir Vivant a également accompagné les 25 EHPAD lauréats de l’appel à projet « Un tiers-lieu dans mon EHPAD » initié par la CNSA. En collaboration avec la Coopérative Tiers-lieux, une série de rendez-vous individuels et trois webinaires thématiques ont permis aux établissements d’avancer sereinement dans leurs travaux, d’échanger des bonnes pratiques ou des outils, et surtout d’amorcer la constitution d’un réseau d’EHPAD innovants. Une journée à Paris en octobre 2022 a permis aux équipes de se rencontrer autour d’ateliers de réflexions et de partage de veille. Enfin, des outils de gestion, d’organisation ou de communication ont été compilés dans une boîte à outils, mise à disposition sur le site de la CNSA de permettre l'essaimage cette expérience.
Une « Belle fin » en perspective
Au cours de cette enquête-création, de nombreuses initiatives ont été mises en lumière. Dans tous les champs, avec une approche souvent transversale (santé, habitat, enseignement,…), ces dernières constituent des moteurs à la réflexion sur la vieillesse et le vieillissement et enrichissent les réponses pragmatiques, inventives et généreuses qui pourraient se développer sur le territoire. C’est là l’ambition de l’équipe de Vieillir Vivant ! : donner à voir ce qui se joue au quotidien à la petite échelle, faire le lien entre les territoires et les acteurs et actrices qui animent ces projets, mettre au centre les personnes âgées, changer le regard porté sur elles et, au fond, participer à l’évolution des politiques publiques et des métiers du soin et de l’accompagnement des aînéEs.
Toutefois, il est difficile de prolonger et structurer la démarche inter-territoriale, en raison de la fragilité des structures porteuses mais aussi d’un portage en interne lourd à assurer. En effet, à l’issue du soutien de la CNSA pendant deux années, le collectif n’a pas trouvé de nouveaux fonds pour la financer. Vieillir Vivant ! éprouve des difficultés à développer le plaidoyer à l’échelle nationale. Il n’en reste pas moins que la recherche-action toujours en cours a déjà créé des dynamiques et des partenariats locaux et suscité l’envie de réfléchir, de travailler et de prendre soin autrement. Les territoires d’enquête-création n’ont certes pas pris les mêmes chemins, ni à la même vitesse. À l’issue des 12 mois d’enquête in situ, certaines équipes ont cessé leurs activités dans le cadre de Vieillir Vivant ! - ou les ont dépassées -, mais d’autres ont continué à travailler sur le sujet du grand âge, l’ont pleinement intégré à leurs missions, tandis que de nouveaux projets importants sont en gestation, de nouvelles collaborations voient le jour. Le projet initial a lui aussi muté. Vieillir Vivant ! se poursuit donc au gré des opportunités de financements et des sollicitations de structures ou de territoires, ponctuellement ou sur du long terme pour appuyer des dynamiques locales.
Aujourd’hui les projets s’ancrent durablement dans certains territoire comme le Forez (Communauté de communes Ambert Livradois-Forez et Loire Forez Agglomération), ou en Île-de-France (à Paris et en Seine-Saint-Denis) ou encore dans la Drôme aussi où la Convention Territoriale d’Éducation Artistique et Culturelle (CTEAC) est terminée, mais où la démarche renaît de ses cendres à travers l’alimentation considérée comme vecteur de soin et de transmission valorisant le patrimoine culinaire des personnes âgées, pour réfléchir à l’isolement et à la précarité alimentaire. En Haute-Savoie, la réflexion sur la place des personnes âgées dans l’espace public se déploie autour de l’accès à celui-ci, la mobilité pour les atteindre, de la qualité des espaces, des jardins, de la place de la nature dans l’environnement de nos aînéEs. D’autres territoires s’engagent aussi dans l’aventure, avec des conventions pluriannuelles comme la démarche « Les soins culturels » pour Loire-Forez Agglomération ou encore des interventions artistiques qui se développent au fil de l’eau avec les commanditaires.
De cette démarche, des hypothèses créatives ont émergé dont certaines se sont concrétisées ou sont en passe de le devenir. Un réseau solide s’est constitué tant à l’échelle locale, avec les complices et les personnes âgées embarquées, que nationale, tandis que des prolongements et des ramifications perpétuent et poussent plus loin la réflexion. Des thématiques structurantes, comme autant de sujets de recherche sont aussi apparus, auxquels Vieillir Vivant ! souhaiterait apporter une plus grande visibilité (la convivialité, l’habitat, la mort ou encore l’alimentation, ...).
Le manifeste de Vieillir Vivant ! s'inscrit aussi dans l'écriture d'articles, dans les diverses participations et interventions dans des instances professionnelles du champ lié à la vieillesse, dans les temps de sensibilisation auprès des éluEs, ... Et, dans les outils de colportage, la valise appelée « Porte-voix » se charge de paroles de personnes âgées, d'aidantEs, de soignantEs mais aussi de pancartes de manifestation : « des câlins à tout âge » pour évoquer la liberté sexuelle et amoureuse en établissement ou encore « des bancs d'arrêt d'urgence proches de chez moi » pour aménager des espaces publics plus inclusifs prévoyant des espaces de pause, adaptés au déplacement et à la mobilité des personnes âgées et des personnes en situation de handicap, d'autres encore pour prendre soin des soignantEs, renouveler les métiers du soin, faire bouger les cadres de ces métiers, transformer des normes parfois incompréhensibles et contradictoires pour ouvrir des marges de manœuvre et permettre de mieux exercer ces métiers et mieux vivre en établissement. L'objectif ? Relier ces paroles aux sujets de société et les apporter, les faire entendre et les partager au bon endroit, créer des manifestations embarquant personnes âgées, aidantEs, soignantEs pour transformer ces injustices et véritablement faire évoluer politiques publiques, les représentations et les pratiques professionnelles.
A l’issue de ces quatre années de réflexion, le collectif imagine une « Belle fin » pour restituer, diffuser, partager et faire essaimer ces expérimentations et ainsi peut-être fournir de véritables exemples pour une évolution de l’accompagnement et de la prise en charge de la vieillesse. Mais pas une véritable fin, car ce sujet, aussi intime soit-il, est long à comprendre et apprivoiser, en particulier les réseaux et les structures qui s'inscrivent dans ce champ. Ainsi, maintenant que les équipes de Vieillir vivant ! ont noué des liens étroits avec cette communauté de professionnelLEs mais aussi les collectivités, il s'agit de poursuivre actions et réflexions créatives.
À propos du collectif
Carton Plein s’est formé en 2010 et a fait ses premières armes à Saint-Étienne, en travaillant d’abord à l’aménagement expérimental, participatif et créatif d’un espace public temporaire et le développement d’un bâtiment le jouxtant (lien vers la Cartonnerie). L’espace reste en permanent chantier pour tester de multiples usages. Les habitantEs et les usagerEs du lieu sont invitéEs à s’emparer des lieux pour concevoir petit à petit leur espace public. C’est à travers une méthode de recherche-expérimentation-création participative que le collectif pluridisciplinaire et à géométrie variable selon les projets (architectes, sociologues, paysagistes, designer, graphistes, jardinierEs, poètes, …) met sur pied un véritable laboratoire urbain pour nourrir la fabrique de la ville. En 2018, l’équipe s’installe dans le Puy-de-Dôme, dans le village de Job et y développe de nouveaux projets à partir de son laboratoire désormais rural.
Designer indépendante, passée par la 27ème Région, Laura Pandelle accompagne des projets d’innovation sociale et de politiques publiques, par les usages, aux croisements entre le design, les pratiques d'enquête et les sciences politiques.
De son côté, l’équipe d’Esopa productions (Et si on prenait l’air(e)) est installée en Île-de-France, elle déploie des projets dans les champs de l'urbanisme culturel, l'innovation sociale et l'ingénierie culturelle ancrée dans la philosophie des droits culturels. L'équipe développe aussi une approche pluridisciplinaire et transversale et mobilise dans ses projets l'art et la culture pour favoriser les échanges, le débat, la capacitation pour nourrir les politiques publiques. L’expérimentation, le jeu, l’imagination, le faire ensemble sont aussi au cœur de sa méthode pour renouveler ou enrichir l’action publique.
Le studio WAKUP a été fondé par Aurélie Brunet, architecte d’intérieur et designer et œuvre dans les champs de l’innovation sociale et du bien commun avec en ligne de mire, l'objectif de favoriser le mieux-vivre ensemble. Il s'appuie sur des méthodologies propres au design et à la culture collaborative pour développer des aménagements ou des outils collaboratifs (supports de communication, d’outils pédagogiques, d’aménagements mobiliers ou architecturaux par exemple) et accompagner différentEs acteurs ou actrices, tant publicQUEs que privéEs en mettant sur pied des ateliers participatifs. Le studio WAKUP a depuis quitté le collectif Vieillir Vivant ! pour d’autres aventures tourangelles.
Ninon Bardet est ingénieure culturelle indépendante. Elle met en œuvre des projets dans le champ culturel au service du développement territorial, principalement en équipe et en complémentarité d'autres compétences et expertises (architecture, paysage, scénographie, communication) et/ou en croisement avec d'autres politiques publiques (aménagement du territoire, développement économique, tourisme).
La Capitainerie réunit également une équipe multidisciplinaire (architecte, urbaniste et designer) qui œuvre pour et avec les usagerEs pour changer notre manière de penser et d'aménager les territoires. L'équipe accompagne des acteurs la plupart du temps publics à mettre en œuvre des démarches participatives à travers différents types de dispositifs de concertation par l'immersion sur le terrain, pour alimenter les projets urbains (ateliers de territoire, revitalisation de centres bourgs, renouvellement urbain, requalification de friches, plan guide urbain, ...).
Vieillir Vivant ! est un programme de recherche-action pluridisciplinaire et intergénérationnel visant à mettre en lien plusieurs territoires afin d’imaginer des hypothèses pour « mieux vieillir » dans un contexte social, culturel et environnemental spécifique. Vieillir Vivant ! défend la nécessité d’écouter, de mettre en valeur et de renforcer les initiatives locales portées pour et par nos aînéEs, afin de relier les histoires de vie singulières à une problématique de société qui mérite d’être saisie à bras le corps.
En 2020, l’équipe Vieillir Vivant ! répond à un appel à projet de la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie (CNSA) visant à « Tirer les enseignements de la crise Covid ». Elle propose de mener pendant 12 mois (automne 2020-automne 2021), six résidences exploratoires sur six territoires singuliers, allant du grand territoire rural au périurbain, en passant par les spécificités des quartiers politiques de la ville, des centres-bourgs de villes moyennes, ou des territoires métropolitains. Ces résidences avaient pour objectif de faire un diagnostic collectif et sensible sur les enseignements de la crise de la Covid 19 sur la prise en charge du grand âge et de formuler des hypothèses créatives et stratégiques pour améliorer les conditions d’existence des aînéEs sur le territoire.
Récit du projet Vieillir vivant ! en Île-de-France
Récit du projet Vieillir vivant ! en Drôme
Récit du projet Vieillir vivant ! en Cauvaldor (Communauté de communes Causses et Vallée de la Dordogne)
Récit du projet Vieillir vivant ! en Livradois-Forez
Récit du projet Vieillir vivant ! à Cran-Gevrier (Haute-Savoie)
Récit du projet Vieillir vivant ! à Tours (quartier du Sanitas)
À l’issue de la première résidence financée par la Caisse Nationale de Solidarité pour l'Autonomie (CNSA) - dans le cadre de l' appel à projet visant à « Tirer les enseignements de la crise Covid » -, l’équipe de Vieillir Vivant ! en Île-de-France avait pensé des métiers imaginaires. Au sein de la Cité Charles Hermite, le besoin est notamment apparu de créer des métiers de proximité assurant animation, lien et veille sociale, ou encore participant à l’amélioration de l’accès aux services pour les habitantEs âgéEs. D’où le nouveau métier « d’animateur ou animatrice de micro marché local » dit aussi « épiciEre ambulantE » ou encore « veilleur ou veilleuse socialE de proximité » qui, en pied d’immeuble, pourrait assurer ces missions.
À l’issue de la première résidence financée par la Caisse Nationale de Solidarité pour l'Autonomie (CNSA) dans le cadre de l' appel à projet visant à « Tirer les enseignements de la crise Covid », l’équipe de Vieillir Vivant ! en Île-de-France avait pensé des métiers imaginaires. Au sein de la Cité Charles Hermite, le besoin est notamment apparu de créer des métiers de proximité assurant animation, lien et veille sociale, ou encore participant à l’amélioration de l’accès aux services pour les habitantEs âgéEs.
Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie (CNSA), Liste des lauréatEs de l’appel à projet « Un tiers-lieu dans mon EHPAD », 2022 [En ligne]
Carton Plein, « Saisir les mouvements du quotidien des personnes âgées en pleine crise sanitaire », Sur-Mesure, cycle #6, 2021 [En ligne]
Carton Plein, Vieillir Vivant ! en Livradois-Forez, 2022 [En ligne]
Vieillir Vivant !, Les Veilleuses, Expérimentation de nouveaux services à destination des aînés dans le quartier Charles Hermite (Paris), vidéo [En ligne]
La coopérative tiers-lieux, Le lien social, c’est la santé !, 2024
- DE BEAUVOIR Simone, La Vieillesse, Gallimard, 1970. Podcast, Les chemins de la philosophie, Série « Vieillir », Épisode 2/4 : « La vieillesse » de Simone de Beauvoir, 22 septembre 2020 [En ligne]
- GRAND Alain, « Du rapport Laroque à la loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement : cinquante-cinq ans de politique vieillesse en France », Vie sociale, vol. 15, no. 3, 2016, p. 13-2 [En ligne]
- Le rapport dit « Laroque » a été rédigé par le conseiller d’État Pierre Laroque considéré comme le « père fondateur » de la Sécurité sociale. Commission d’étude des problèmes de la vieillesse, Politique de la vieillesse : rapport de la Commission d’étude des problèmes de la vieillesse [présidée par Pierre Laroque], 1962
- La Convention Territoriale d’Éducation Artistique et Culturelle (CTEAC) est un dispositif multi-partite (DRAC, Département, Région et Éducation nationale, collectivités) initié par l’État, mis en place à l’échelle d’un territoire par une ou plusieurs Communautés de Communes afin de développer l’accès à l’art pour chacunE.
- Chaque webinaire est à retrouver en format podcast.
- L’intégralité des enseignements et les hypothèses créatives est explicitée dans le rapport final à la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie.
- L’équipe co-construit chaque année, depuis 2021, de nouveaux parcours dans des lieux de vie en Seine-Saint-Denis, à l’image du projet Mémoire d’opéra, création lyrique née d’une rencontre entre la Compagnie Mouvement Arts et publics et les résidentEs d’un EHPAD au terme d’une résidence artistique de plusieurs mois au sein de l’établissement). En juin 2022, le département de Seine-Saint-Denis propose à Esopa productions de concevoir et coordonner six parcours artistiques et culturels ou sportifs (ACS) en résidence autonomie et EHPAD dans plusieurs villes du département (2022-2023) et renouvelle sa confiance l’année suivante pour la production de cinq nouveaux parcours ACS (2023-2024).
- « Une entreprise à but d’emploi (EBE) est une entreprise de l’économie sociale et solidaire, conventionnée par le territoire sur lequel elle est implantée et le Fonds d’expérimentation. Cette entreprise a pour fonction première de produire des emplois supplémentaires manquants sur le territoire et adaptés aux personnes privées durablement d’emploi habitantes du territoire, qu’elle embauche sur proposition du comité local pour l’emploi (CLE). Les emplois qu’elle produit sont dits supplémentaires ; autrement dit, ils ne concurrencent pas les emplois existants sur le territoire et viennent en soutien du tissu économique local. Ces structures peuvent être créées ad hoc ou bien être portées par des entreprises existantes (structures de l’insertion par l’activité économique, entreprises adaptées…) qui souhaitent développer leurs outils de lutte contre la privation d’emploi », source Association Territoires Zéro Chômeur de Longue Durée.